Consolation
Hauts-de-France
Belgique
Pays-Bas
Consolation, une complexe fiction documentaire sensible
de Mélissa Decaire
Toute une génération a subi l’influence de l’école de Dusseldorf, mais la rigueur de ses protocoles est apparue trop stricte pour aborder la diversité du réel. Mélissa Decaire, canadienne vivant en France, a engagé sa série sur les chapelles essaimées au long de l’Escaut et réparties sur les Hauts de France, la Belgique et les Pays Bas.
Elle dresse dans un premier temps une typologie de ces architectures vernaculaires photographiées en couleurs. Sur l’ensemble de la série la gestion subtile de sa palette colorée répond à un souci de maintien d’un caractère atténué juste sensible au variations saisonnières.
Centrées dans un format carré elles sont cependant prises dans un plan général qui les contextualise. Présentées en page de gauche comme pour mieux assumer leur caractère documentaire, elles sont complétées en bonne page par un ensemble d’images complémentaires organisées en constellation qu’elle revendique comme « satellites ». Elles apportent une dimension de hors champs critique qui relève de divers domaines d’informations sociologiques, idéologiques.
Le fonctionnement de cette double page évoque les diptyques paradoxaux d’Allan Sekula dans Fish Story. Pour rendre ce double statut d’image plus efficient un texte poursuit la tâche fictionnelle de cette série documentaire. Le complexe récit photo-texte met en question ce patrimoine culturel et religieux fragilisé par sa confrontation aux mutations sociales, économiques et environnementales. La fiction se prolonge dans sa dimension de mythologie personnelle qui confronte ces lieux au besoin commun de Consolation, titre de la série.
Christian Gattinoni
Membre de l’AICA, rédacteur en chef de la revue en ligne www.lacritique.org