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L'immaculée de la ville fantôme.
The Immaculate of the Doomed City


Doel, Anvers
Belgique
2019

Au pays de Waes et des prés salés, 

à la frontalière des Pays-Bas,  

une chapelle néoclassique m’attend.  

 

 «Notre-Dame des Polders»; face aux eaux calmes de l’estuaire

de l’Escaut et le tentaculaire port d’Anvers.

Je l’avais désignée comme la dernière image de ma série « Consolation », 

le lieu où mon aventure photographique devait atteindre son paroxysme.  

C’était sans savoir qu’elle se situe au coeur d’un incroyable

village fantôme envahi de Street Art, 

surplombé par la plus grande centrale nucléaire de Belgique.

 

Doel était pourtant l'un des villages phare de la Belgique du XVII siècle.

On venait y visiter le petit port de plaisance, le vieux moulin classé,

la « Maison-Haute » ( Hooghuis ) daté de 1614 qui appartenait à la famille

de la femme du peintre Rubens…

Désormais, les seuls vestiges immaculés au tableau ;

la belle église, la chapelle néoclassique et le coeur des quelques

dix-huit irreductibles habitants qui font de la résistance

sous la banière du mouvement « Doel2020 ».

Un collectif créé dès le milieu des années 90.

 

Depuis, malgré leurs isolement, leurs recours se multiplient

contre l’expropriation du village en vertu du projet d’extention

du port d’Anvers nommé « Saeftinghedok ».

Le village historique se transforme en curiosité urbanistique,

les artistes reconnus venus de toute l'Europe investissent les lieux,

les amoureux du patrimoine bâti ou naturel

s’entichent de la bourgade atypique, 

les journalistes s’emparent des récits du bras de fer sans merci… 

Pas à pas, sur des arguments économiques, juridiques, environnementaux,

le gouvernement flamand commence à reconnaître l’indécence de la situation. 

La Commission européenne s’aligne sur la position du

Conseil d'Etat belge et constate que «de nombreux espaces naturels

risquent de disparaître avec le développement du port

alors que les objectifs naturels de la rive gauche de

l'Escaut ne sont pas remplis».

 

Quelques mois après mon passage,

le village est sauvé de la destruction.

Doel est de nouveau libre ! 

Mes images montre une certaine idée de la grâce,

malgré les cheminées fumantes.

les cuves blanches des usines pétrochimiques et

la multiplication des grues du port d'Anvers...

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